Dépenses Santé : les revenus des plus modestes déjà fortement sollicités

publié le 17 septembre 2025

Limitation de certaines ALD, doublement de la franchise médicale… Les projets du gouvernement démissionnaire pour réduire les dépenses de la Sécurité sociale faisaient courir le risque d’un creusement des inégalités. Cela alors que rapporté à leurs revenus, l’effort des ménages pour leurs dépenses de santé est déjà très variable, et particulièrement fort pour les plus modestes, ainsi que le soulignait en août une étude de la Drees, la direction statistique des ministères sociaux. L’effort (qui ajouté aux cotisations sociales inclut le reste à charge, la mutuelle complémentaire, la CSG ou encore la TVA) représentait ainsi, en 2019, en moyenne, 15 % du revenu des ménages, soit 6 800 euros par an.

Ce « taux d’effort » varie beaucoup selon les ménages : en 2019, il s’élevait à 7 % pour les 10 % de ménages pour lesquels la santé pèse le moins dans leurs revenus. Il grimpait à 23 % pour les 10 % de foyers pour lesquels elle pèse le plus.

Les gros efforts des actifs et retraités

Parmi le 1% des ménages qui assurent le plus fort taux d’efforts (de 34% sur les revenus), on compte 76% de ménages modestes, dont des retraités, avec des restes à charge moyens de 2 400 euros par an. Ils "sont en général confrontés à des dépenses de santé élevées mal couvertes, notamment en dentaire, ou ont des revenus faibles dans lesquels primes [de mutuelles] et restes à charges prennent un poids important", pointe la Drees. Ils ont aussi peu recours à la complémentaire santé solidaire, mal connue, précise l’étude. Plus largement, "les actifs en emploi sont surreprésentés" dans les ménages qui fournissent le plus d’efforts. "Ils constituent les trois quarts des ménages" indique la Drees précisant que "pour les ménages très modestes, les taux d’effort sont plus proches entre actifs en emploi et retraités (15 % et 14 %)".

Par ailleurs, alors que ces derniers mois était remise en question la pérennité des certaines ALD, la Drees montre que les plus modestes sont aussi, souvent, les plus concernés par ces affections de longues durées. Au sein des ménages fournissant le plus fort taux d’efforts pour les soins, dans 39 % des cas (13 points de plus que dans l’ensemble des ménages), la personne la plus âgée est en ALD.

"Les bénéficiaires de l’ALD peuvent aussi avoir des restes à charge conséquents du fait des frais non pris en charge par le dispositif ou de dépenses de soins sans rapport avec l’affection de longue durée" note la Drees. Parmi le 1% de ménages ayant pour la santé le plus fort taux d’effort sur ses revenus dans 18 % des cas, la personne la plus âgée du ménage se déclare « en mauvais ou très mauvais état de santé ». C’est 8 points de plus que dans l’ensemble des ménages.

InFO militante Publié mercredi 17 septembre 2025 par Ariane Dupré