Prix du gaz : pourquoi les Français vont toujours payer trop cher malgré la baisse annoncée pour la rentrée ?

publié le 22 août 2025

La Dépêche du Midi : Quel regard faut-il porter sur la baisse des prix du gaz, annoncée pour la rentrée par la Commission de régulation de l’Énergie (CRE) ?

Thierry Bros : Quelque part, elle arrive trop tardivement. Par ailleurs, aujourd’hui, les Français ne profitent pas pleinement du recul des cours européens du gaz naturel.

Comment l’expliquer ?

Il faut bien comprendre que trois composantes essentielles viennent constituer la facture de gaz des Français. D’abord, la matière première, c’est‑à‑dire le prix du gaz en tant que tel, sur les marchés internationaux. Ensuite, vous avez la composante "transport‑distribution" : il s’agit là de répercuter sur les factures tous les coûts liés à l’acheminement du gaz via les réseaux. Vient enfin la composante "taxes", incluant différentes contributions, comme la TVA par exemple. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) se base sur ces trois composantes pour fixer chaque mois les prix "repère" de vente du gaz naturel.

Qu’est-ce qui pose problème selon vous ?

Selon moi, la CRE – qui est un opérateur indépendant – représente aujourd’hui davantage les intérêts des opérateurs gaziers que ceux des consommateurs. La CRE accorde beaucoup trop d’argent aux transporteurs et distributeurs de gaz, alors que la consommation a chuté de 20 % depuis le début de la guerre en Ukraine. Alors que nous utilisons moins de gaz, la commission a décidé que nous allions payer la même somme pour utiliser les infrastructures qui permettent son acheminement.

C’est une aberration économique : le coût de ces infrastructures a pourtant été amorti depuis longtemps. C’est comme si vous augmentiez le prix d’un péage autoroutier sur une voie de moins en moins utilisée par les véhicules.

Quelles conséquences pour le porte-monnaie des Français ?

Sur la facture de gaz des Français, seuls les coûts liés aux cours de la matière première diminuent. Le transport, lui, ne baisse pas, même s’il y a moins de volume transporté. Le transporteur touche toujours la même rémunération. Résultat, les consommateurs français, tout comme pour l’électricité, ne bénéficient pas pleinement de ces baisses.

Et au sujet de la composante "taxes" : les Français ont dû faire face à une augmentation conséquente des abonnements de gaz au début du mois d’août, en raison d’une hausse sensible de la TVA…

La TVA sur l’abonnement du gaz a en effet été portée de 5,5 % à 20 % par décision de l’État, et il ne semble pas que l’exécutif souhaite revenir dessus. Cette hausse va à l’encontre de ce que suggère la Commission européenne : celle-ci encourage les États membres de l’Union européenne à baisser les taxes pour améliorer la compétitivité énergétique des ménages et des industries. Ici, en France, on fait le contraire…

La Dépêche, article par Robin Serradeil, publié ce 22/08/2025.