Jours fériés : la mesure qui fait aussi grincer dans le bloc central
Si François Bayrou partait en vacances, une chose est sûre, il ne partirait pas avec Violette Spillebout. Car c’est une volée de bois vert que la députée Renaissance du Nord a envoyé ce mercredi à l’endroit d’une des mesures phares du plan de redressement du Premier ministre : la suppression de deux jours fériés dont il attend une rentrée de 4,2 milliards d’euros.
« Je suis contre […], c’est extrêmement clair car c’est contraire à mes valeurs », a fustigé sur Europe 1 la députée, par ailleurs ancienne co-rapportrice de la commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires, ce qui avait déjà contribué à tendre les choses avec le chef du gouvernement au moment de son audition sur Bétharram.
« Un très mauvais signe du gouvernement »
« On a besoin de faire rentrer de l’argent dans les caisses, mais ça veut dire qu’il faut remettre plus de personnes à l’emploi », a justifié Violette Spillebout. Bref, travailler plus nombreux plutôt que travailler plus sans gagner plus. « Ce n’est pas sur les travailleurs qu’il faut faire peser l’effort national », a encore insisté la députée avant d’enfoncer le clou et ce, sans prendre de gants : « Ces jours fériés, c’est un très mauvais signe du gouvernement, parce que c’est comme une marque de défiance envers ceux qui paient le plus aujourd’hui. C’est vrai que ça me révolte ! »
Il n’avait pas échappé au Premier ministre que cette mesure est sans doute celle qui, avec le doublement des franchises médicales, fait le plus parler d’elle. Dès mi-juillet, 75 % des Français se déclaraient opposés au projet, selon un sondage Elabe. Les partenaires sociaux, eux aussi très réticents, ont jusqu’au 1er septembre pour dire à François Bayrou s’ils acceptent d’engager une négociation sur le sujet. Les oppositions, à gauche comme au RN, sont vent debout.
« Tout travail mérite salaire »
Mais la mesure ne suscite pas, non plus, un enthousiasme unanime au sein des partis qui soutiennent le gouvernement. Dès mi-juillet, Bruno Retailleau, avait, dans un communiqué, estimé que « le ’travailler plus’ doit permettre de gagner plus ». Il avançait, sur les jours fériés, que « d’autres pistes peuvent être étudiées, qui permettraient d’augmenter la quantité de travail et le pouvoir d’achat des salariés, à travers une sortie intelligente et négociée des 35 heures ».
Au sein de Renaissance, si Gabriel Attal avait soutenu « la volonté » du chef du gouvernement et « l’ampleur du redressement budgétaire à faire », il avait surtout salué la reprise de la réforme de l’assurance-chômage. Sans s’exprimer précisément sur les jours fériés. Tout juste avait-il glissé qu’« avant de demander davantage d’efforts aux Français qui travaillent, il faut qu’il y ait davantage de Français qui travaillent »... Et de noter alors : « le gouvernement l’a dit lui-même : certains sujets restent à débattre, à préciser ou à corriger ».
« Tout travail mérite salaire », défend de son côté la députée EPR Prisca Thevenot, proche du secrétaire général de Renaissance. « Les Français travaillent déjà un jour par an gratuitement. S’il faut travailler plus, ce ne doit pas être sans gagner plus », continue-t-elle. C’est évidemment un des points qui fait débat jusque dans le bloc central. « Avant de demander des efforts à ceux qui travaillent, il faut que tous ceux qui le peuvent, bien évidemment, retrouvent le chemin de l’emploi, pour eux, pour notre pacte social. Cela ferait déjà une grande partie du chemin budgétaire nécessaire », assure-t-elle.
« Je comprends les critiques mais personne ne formule de contre-proposition », remarque le député EPR Mathieu Lefèvre, proche de Gérald Darmanin. « C’est une piste de travail ; le vrai sujet, c’est le temps de travail et notamment les 35 heures. Mais le travail doit toujours payer. A nous de proposer une alternative qui rapporte autant », plaide-t-il. Le débat n’a pas fini de s’enflammer.
LES ECHOS, article par Isabelle Ficek publié le 14 août 2025.