Emploi : les arrêts de travail des salariés sont de plus en plus longs, voici pourquoi
C’est un signal d’alarme. Selon une étude publiée ce jeudi 5 juin par le cabinet Ekilibre Conseil, en partenariat avec OpinionWay, un salarié sur cinq a été en arrêt de travail au moins une fois ces six derniers mois, pour un motif lié au travail. Parmi les motifs le plus souvent invoqués par le millier de salariés interrogés, on retrouve le burn-out, les douleurs musculo-squelettiques, ou encore les troubles psychiques. « Ce sondage démontre que le mal-être psychique et physique est indissociable du travail pour une large part de la population active, parfois de façon silencieuse, explique Jean-Christophe Villette, psychologue du travail et des organisations et dirigeant d’Ekilibre Conseil. Il est devenu un fait social majeur, ancré dans la somme de déséquilibres répétés entre les exigences professionnelles et les ressources disponibles. »
Cette situation préoccupante s’explique en premier lieu par une fatigue professionnelle généralisée des salariés français. Selon l’étude, pas moins de huit travailleurs sur dix disent être affectés par une fatigue professionnelle généralisée, symptôme d’un épuisement physique et mental désormais endémique. 66 % des personnes interrogées estiment vivre un stress quotidien au travail, souvent sans dispositif de régulation, et 43 % expriment un sentiment de mal-être au travail. Parmi ces derniers, trois salariés sur quatre affirment que cet état nuit directement à leur santé mentale ou physique.
Un quart des salariés victime de violences
Ces tensions permanentes se traduisent par une hausse des arrêts de travail, mais aussi par un besoin de dissimulation émotionnelle. En effet, près d’un salarié sur deux avoue devoir masquer ses émotions au bureau pour « tenir ». « Ce que nous observons, c’est moins une crise passagère qu’un épuisement organisé qui s’enracine, devenu la norme dans trop d’organisations, poursuit Jean-Christophe Villette. Il est temps de sortir de l’anesthésie collective et de réinvestir la question de la soutenabilité du travail ».
Autre chiffre alarmant, l’enquête révèle qu’un quart des salariés (25 %) ont été victimes de violences dans le cadre professionnel. Ces dernières peuvent être internes à l’entreprise et se manifester par du harcèlement moral ou une mise à l’écart des autres salariés. Mais il peut s’agir également de violences externes à l’entreprise, c’est-à-dire des agressions ou des incivilités subies à l’extérieur du lieu de travail, par exemple pendant des déplacements professionnels. Parmi les salariés se disant victimes de violence, près de 60% d’entre eux évoquent un harcèlement moral subi au travail, quand un sur cinq se dit victime de harcèlement sexuel ou de comportements sexistes.
L’étude identifie aussi les causes organisationnelles comme les principaux facteurs du mal-être des salariés français. Dans le détail, la sursollicitation cognitive (64 %), la pression temporelle (39 %), le manque de reconnaissance (33 %) ou encore le sentiment d’inutilité du travail (24 %) sont autant de sources identifiées, souvent évoquées par les personnes interrogées.