Cette nouvelle (et discrète) règle d’indemnisation des arrêts maladie peut vous coûter cher

publié le 6 juin 2025

C’est un changement de taille qui n’a pourtant pas fait grand bruit. Depuis le 1er septembre 2024, les Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) n’indemnisent plus les jours non prescrits en cas de prolongation d’un arrêt maladie.
Concrètement, si votre arrêt se termine un vendredi et que votre médecin ne prolonge votre arrêt qu’à partir du lundi suivant, vous ne percevrez plus d’indemnités journalières pour le samedi et le dimanche. Ce qui était pourtant bien le cas jusqu’en septembre dernier, puisque vous pouviez être indemnisé par la Sécu le week-end, même si cela n’était pas prévu dans votre arrêt.

Une situation surprenante, et rendue possible par « une tolérance administrative » de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), « sans doute pour prendre en compte les éventuelles difficultés que pouvaient rencontrer les salariés pour se faire prescrire la prolongation d’un arrêt de travail prenant fin un vendredi », estime Guillaume Gaudiot, juriste spécialisé sur les questions de rémunérations et de protection sociale. Mais finie la souplesse, l’heure est désormais aux économies. Il faut dire qu’en 2023, l’Assurance maladie a déboursé pas moins de 10,2 milliards d’euros pour la seule indemnisation des arrêts de travail, un poste de dépenses en hausse de 6,3% par an en moyenne !

N’attendez pas plus de 48 heures pour renouveler votre arrêt
Soucieuse de freiner cette hémorragie, la CPAM a donc décidé de durcir le ton, en renonçant à l’indemnisation automatique en cas de prolongation non continue de l’arrêt maladie. Concrètement, si vous renouvelez votre arrêt de travail d’une semaine sur l’autre, sans que les prescriptions se suivent directement, vous risquez de perdre jusqu’à huit jours d’indemnités journalières par mois (2 jours de week-end x 4 semaines).

Et attention : si vous tardez trop à renouveler votre arrêt, la facture sera encore plus salée. « Si la durée de la période non prescrite est supérieure à 48 heures, même un arrêt de prolongation sera considéré comme un arrêt initial, avec application du délai de carence de 3 jours », met en garde Guillaume Gaudiot. Ainsi, vous perdrez non seulement les indemnités journalières IJ du week-end entre les deux arrêts, mais aussi celles des trois premiers jours du nouvel arrêt, délai de carence oblige. Par exemple, en cas de prolongation avec un retard de 72h semaine après semaine, cela peut représenter jusqu’à six jours d’indemnités journalières perdus, soit 24 jours d’indemnisation mensuels en moins.

Pour éviter de vous retrouver dans une telle situation, « anticipez, dès la prescription de l’arrêt initial, la prise d’un prochain rendez-vous avec le médecin traitant au plus tard le dernier jour de cet arrêt », conseille le juriste. Tout en concédant qu’« assurer la continuité des prescriptions peut s’avérer complexe, [notamment] dans les zones où l’offre de médecins est insuffisante… ». Pour preuve, en 2024, six millions de Français n’avaient pas de médecin traitant, et 87% du territoire était classé en désert médical.

Article par Charlotte Rousset publié le 05/06/2025 Captial.fr